Sam Lowes : « Pilote, c’est 70 % la vitesse et l’équipe, 30 % la tête »



Quatre podiums en huit courses, une régularité retrouvée et une victoire qui lui tend les bras : Sam Lowes affiche un nouveau visage en cette saison 2020, sa troisième en Moto2 depuis qu’il a quitté la catégorie MotoGP. Son équipe, EG 0,0 Marc VDS, a profité de la pause entre les Grands Prix de Catalogne et de France pour diffuser un communiqué/entretien avec son pilote, où il explique comment il a changé sa manière de travailler.

Communiqué EG 0,0 Marc VDS :

En quoi le Sam Lowes de 2020 diffère-t-il des versions précédentes ?

La principale différence, c’est que je suis plus âgé et que j’ai plus de rides que par le passé… Plus sérieusement, j’ai commencé à travailler avec de nouvelles personnes, j’ai mis en place une nouvelle dynamique… J’ai entrepris un travail important sur le plan mental et psychologique. Tout comme dans la vie de tous les jours, lorsqu’on traverse une période difficile durant sa carrière, il faut en chercher la cause et essayer de trouver des solutions. Sinon, si on applique toujours les mêmes recettes, on obtient toujours les mêmes résultats. Je suis dans ce processus, j’analyse les domaines dans lesquels je peux m’améliorer et j’y travaille. Je dirais que cette année, je me concentre davantage sur les aspects vraiment déterminants du week-end.

Vous dites souvent que vous avez changé votre façon d’aborder le week-end. Expliquez-nous…

Je fais des exercices d’échauffement, d’étirement et de méditation qui m’aident à me concentrer avant de monter sur la moto. J’essaie d’aborder le week-end en prenant les séances les unes après les autres pour me concentrer et y consacrer cent pour cent de mes efforts et de mon attention. Avant, je ne pensais qu’à l’objectif final du dimanche alors qu’en fait, pour l’atteindre, il faut avoir fait un million d’autres choses bien avant. C’est comme au football, si vous voulez gagner à la 90e minute, vous devez avoir bien attaqué et défendu les 89 minutes précédentes. Nous analysons les données et les résultats de la première séance en fonction des objectifs que nous nous sommes fixés. C’est ensuite la FP2… Nous répétons le processus jusqu’à la course. L’objectif final ne change pas, mais la manière dont nous essayons de l’atteindre, elle, est différente.

Pourrait-on dire que vous êtes aujourd’hui une version plus relax et plus épanouie de vous-même ?

On pourrait dire ça, et j’aime d’ailleurs bien ces mots car c’est précisément ce sur quoi je travaille. Je recherche cette sérénité qui va me permettre d’être moi-même et ainsi pouvoir donner le maximum de manière naturelle. J’ai toujours eu la chance d’être un pilote rapide. Avant, même si les résultats n’étaient pas là, la vitesse était là. Cependant, il y a eu d’autres choses qui ont contrarié mon parcours et m’ont empêché de me concentrer. Je m’énervais facilement, je me préoccupais des problèmes techniques en essayant de savoir tout ce qui était fait sur ma moto. J’étais dans tout et dans rien en même temps, j’entrais alors dans une spirale qui me hantait semaine après semaine. Maintenant, je me concentre uniquement sur les aspects que je peux contrôler et tout coule, tout arrive plus facilement. Sans aucun doute, le fait de faire partie d’une bonne équipe et d’être entouré des bonnes personnes contribue à créer le contexte idéal pour pouvoir adopter cette attitude et conserver cet état d’esprit positif.

Selon vous, quel rôle joue la tête du pilote dans sa performance ?

Je pense que 70% se situe dans la pointe de vitesse du pilote et du travail de l’équipe. Les 30 % restants, ils sont dans la tête du pilote. Dans mon cas, ces deux dernières années, j’étais trop nerveux, sous pression, pas assez concentré… Même si ma pointe de vitesse était bonne, cela ne marchait pas. C’est tout le contraire aujourd’hui.

Votre pilotage a évolué, vous chutez beaucoup moins… Tout cela est-il aussi dû aux changements que nous venons d’évoquer ?

Je dirais que c’est en grande partie parce que je me concentre davantage aujourd’hui sur mon pilotage. Grâce à l’équipe, la moto fonctionne bien. J’ai une grande confiance dans notre façon de travailler et les résultats sont là. Si vous êtes énervé et que vous cherchez à rouler vite à tout prix, vous allez faire des erreurs. Si vous êtes calme, concentré, et que vous travaillez dur, vous entrez alors dans une dynamique positive et tout se met naturellement en place avec de bons résultats à la clef. Je savais que l’aspect mental était important, mais j’ai été surpris de voir à quel point.

Quelles sont les routines et le travail mental que vous avez mis en place ?

Les gens qui me connaissent savent que je suis une personne pleine d’énergie, que je parle beaucoup et qu’il m’est difficile de rester tranquille. Cela n’a pas changé, mais je fais désormais des exercices de méditation, de respiration et d’étirement tout en m’entraînant à maîtriser mon esprit pour le garder dans un état calme et concentré sur ce que je veux qu’il soit. Et si mon esprit s’égare, je suis capable de le remettre à l’endroit. Par exemple, à un autre moment, avec le drapeau rouge à Misano et l’apparition de la pluie, je serais devenu très nerveux, je me serais déconcentré et j’aurais sûrement fait des erreurs. Au lieu de cela, j’ai su rester calme, je me suis concentré sur ce que j’avais à faire et je me suis retrouvé sur le podium.

Y a-t-il quelque chose qui vous a surpris cette année ?

J’ai été surpris par la façon dont j’ai réagi à tout ce qui s’est passé cette année. Arriver dans une nouvelle équipe après des années durant lesquelles les résultats ne suivaient… Vouloir être à la hauteur de l’opportunité que j’ai eue… Et puis se blesser avant la première épreuve, ne pas pouvoir faire préparer la saison, manquer le Qatar, la pandémie, repartir à zéro, être compétitif, revenir sur le podium… Cela n’a pas été facile. Je savais que j’étais rapide, mais je ne savais pas si je pourrais gérer cette pointe de vitesse comme je l’ai fait. Bien évidemment, je suis heureux de la manière dont j’ai surmonté tout ça. Ma capacité à gérer mon environnement ainsi que le stress mental m’a également surpris. Cette saison, bien que je sois plus rapide et que je me batte avec les meilleurs, je suis moins stressé que l’année dernière où j’étais plus lent. Je pensais que ce serait l’inverse.

Quels sont vos objectifs pour la deuxième moitié du championnat, sont-ils les mêmes que ceux que vous vous étiez fixés en début de saison ?

Lorsque j’ai signé avec l’équipe, mon premier objectif était de redevenir compétitif. Je n’ai pas honte de dire que l’année dernière, je ne l’étais pas. Mais maintenant, je le suis. À l’heure actuelle, l’objectif est de remporter à nouveau des courses. Au cours des derniers Grands Prix, j’ai emmagasiné beaucoup de confiance. On peut toujours dire dans un communiqué de presse ou une interview qu’on veut se battre pour la victoire, mais quand je suis seul et que j’y réfléchis, je crois vraiment que je peux gagner ou me battre pour gagner. Je n’avais pas ressenti cela depuis longtemps et pour moi c’est quelque chose de très important.

Qu’en est-il du championnat ?

L’envie de remporter le titre est toujours là, même si je suis conscient que ça sera difficile. L’absence au Qatar, puis le résultat blanc et la pénalité en Autriche ont rendu la tâche plus difficile qu’elle n’aurait dû l’être. Mais on ne sait jamais, il faut se battre jusqu’au bout, et c’est ce que nous ferons.

Avez-vous peur de la pression qui s’exerce sur vous ?

Il n’y a pas de pression négative lorsque vous pensez pouvoir faire quelque chose, elle n’apparaît que lorsque vous sentez que les gens attendent de vous des choses que vous ne pouvez pas réaliser. À ce stade, j’ai toujours les pieds sur terre, je me sens très bien. Cette pression de la victoire et de la quête du podium m’a manquée. Ce sentiment d’être sur le devant de la grille et de savoir qu’on va se battre pour la victoire et qu’on peut y arriver est quelque chose que je voulais ressentir à nouveau. Je ne savais pas si je pourrais revenir à ce niveau. C’est tout simplement incroyable.

Qu’est-ce que vous pensez pouvoir encore améliorer ?

Les départs.

Mais pourquoi est-ce si difficile pour vous ?

Cette année, avec le levier de frein arrière au guidon, la position de l’embrayage a changé et j’ai encore besoin de temps pour m’adapter. Je m’entraîne car il est important de progresser. Cela m’éviterait d’avoir à remonter durant les premiers tours. Une autre chose que je pense pouvoir améliorer est la façon dont je relâche les freins. Parfois, quand je veux attaquer davantage, ou en début de course, je relâche les freins un peu trop vite.

Et pour finir, quelle note donneriez-vous à cette première moitié de saison ?

Oups… Ce n’est pas facile de se noter soi-même, mais je pense que j’obtiendrais entre 7,5 et 8. Peut-être plus un 7,5 car je n’ai pas encore gagné une course mais j’espère pouvoir l’améliorer en fin d’année !

Championnat Moto2 après Barcelone : 1. Marini 150 pts, 2. Bastianini 130 (-20), 3. Bezzecchi 114 (-36), 4. Lowes 103 (-47), 5. Martin 79 (-71), 6. Nagashima 72 (-78), 8. Canet 61 (-89), 7. Vierge 59 (-91), 9. Lüthi 57 (-93), 10. Roberts 56 (-94)…

8/30 : La grille Moto2 2021, début octobre

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