Après une quinzaine de saisons, cinq victoires et plus d’une vingtaine de podiums en GP, Randy De Puniet poursuit sa carrière de pilote professionnel en championnat du monde d’endurance, au guidon de la Kawasaki officielle. Il sera bientôt au départ de la deuxième épreuve de la saison 2022, sur le légendaire circuit de Spa-Francorchamps, et nous livre ses impressions après découverte du tracé belge.
GP-Inside : Comment vas-tu Randy ?
Randy De Puniet : « Très bien, je passe l’essentiel de mon temps sur les circuits mais ça va, je ne m’en lasse toujours pas ! Là je reviens d’Estoril où j’accompagnais Christophe Ponsson en Superbike. J’essaie de l’aider sur quelques courses car c’est un garçon adorable et talentueux, mais qui doit gagner un peu en agressivité aux qualifications pour être mieux placé sur la grille de départ afin de terminer dans les dix premiers. Il en a le potentiel et il le mérite car il est très sérieux et s’implique beaucoup dans son projet. Je suis aussi sur tous les Grands Prix pour ma quatrième saison en tant que consultant pour Canal+. On a une très bonne équipe où l’ambiance est excellente, ce qui est important parce qu’on passe beaucoup de temps ensemble. »
« Je prends forcément beaucoup de plaisir à faire ce job, d’autant qu’on a des français, Fabio Quartararo et Johann Zarco, qui se battent pour la victoire. La progression permanente des audiences prouve que les téléspectateurs apprécient ce sport, et si Canal a signé la diffusion du MotoGP jusqu’en 2029, c’est aussi pour développer la moto en France, ce dont on peut se réjouir. Je suis heureux de faire partie de cette belle aventure et de contribuer à la notoriété de la moto, qui a toujours été ma passion. Quand j’avais commencé avec Eurosport en 2017, je me demandais un peu ce que je faisais là, mais une fois que j’ai fait le deuil de ma carrière en GP, je me suis vraiment investi dans ce rôle de consultant, et je pense que la complémentarité avec Laurent Rigal est bonne. »
« En parallèle, je continue de me faire plaisir à piloter une moto d’endurance puisque je suis revenu chez Kawasaki après mes deux saisons en 2017 et 2018. J’apprécie Gilles Stafler, le team-manager, c’est un véritable passionné et cette année, nous disposons d’une nouvelle moto avec, entre autres, un boitier électronique Magnetti-Marelli adapté à l’endurance. Le challenge est très intéressant mais nous avons reçu la moto très tard et nos premiers essais se sont déroulés au Mans pour les 24h. Malgré ce handicap, on était sur le podium provisoire en course et malheureusement, on a cassé un ressort de soupape. Nous manquons de roulage pour faire progresser la moto mais le potentiel est là, il y a encore beaucoup de travail pour être au niveau des meilleurs mais je reste confiant. »
Comment se sont passés les premiers essais à Spa, la semaine dernière ?
RdP : « J’ai connu de nombreux circuits dans ma carrière mais c’était la première fois que je roulais à Spa, et je dois dire que c’est le plus beau circuit sur lequel j’ai jamais roulé. C’est tout simplement magnifique, en pilotage, en sensations, franchement j’ai adoré et beaucoup de pilotes pensent pareil ! J’appréhende un peu la nuit où j’espère que l’éclairage sera suffisant, car on arrive très vite dans les virages et il est indispensable de bien voir où tu mets tes roues. Il faut savoir qu’on dépasse largement 300 km/h en vitesse de pointe et qu’il y a beaucoup de virages qui passent à fond, donc il faut être très précis sur les trajectoires. D’ailleurs, la moindre erreur se paie cash et on peut facilement perdre une bonne seconde en ratant un point de corde sur ce long tracé de 7 kilomètres. »
« Dans le virage de Blanchimont, par exemple, si tu ne rentres pas à fond, tu perds facilement 7 ou 8 dixièmes. Et crois-moi, au début, pour t’engager dans cette longue courbe à fond de 6, vaut mieux avoir un gros cœur ! Je pense qu’en course, il va y avoir des importants écarts de chronos, notamment la nuit où il faudra être très vigilant en doublant les attardés, surtout s’il pleut ! »
Quelle place visez-vous ?
RdP : « Objectivement, en performance pure, nous ne sommes pas encore au niveau des quatre meilleurs. Maintenant, en course, l’endurance réserve forcément des surprises. Sur le papier notre place est la cinquième mais, en fonction du déroulement de l’épreuve et des inévitables faits de course, on peut légitimement espérer monter sur le podium. »
« J’ai hâte d’y être mais je sais qu’on va aussi souffrir physiquement car ce tracé est très exigeant, très contraignant avec peu de moments pour souffler. Heureusement, malgré mes nombreuses activités, j’arrive à avoir une vie saine et j’essaie aussi de passer du temps avec mon fils, qui va avoir trois ans en juin. Je l’amène parfois avec moi sur les circuits et il est déjà fou de moto. Depuis peu, il me tanne pour faire du cross… Tu vois, c’est pas demain la veille que je vais m’éloigner de la moto ! »
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