Vainqueur renversant d’un Grand Prix de France au scénario improbable, Danilo Petrucci a mis fin à presque 16 mois sans podium au Mans. L’Italien est heureux de prouver qu’il mérite sa place en MotoGP.
Si personne n’avait parié sur un podium d’Alex Marquez au Mans, peu misaient également sur une victoire de Danilo Petrucci dimanche. Ça n’était plus arrivé depuis le 2 juin 2019, plus beau jour de sa carrière où il avait triomphé à domicile, devant les tifosis du Mugello. Un podium avait suivi à Barcelone (3e), deux semaines plus tard. C’était là son dernier trophée.
Après le temps des succès vint celui des difficultés, et le pilote Ducati en a traversé de nombreuses. Un temps à la lutte pour le titre de champion du monde 2019, il avait fini par devoir se battre pour rentrer dans le top-10 chaque week-end. Les choses ne s’étaient pas arrangées début 2020, avec quelques résultats corrects (9e à Jerez 1, 7e à Spielberg 1) mais toujours pas les armes pour rouler devant.
Comme son coéquipier Andrea Dovizioso, Petrux a souffert avec l’arrivée du nouveau pneu arrière Michelin. « Quand la saison a débuté, les changements avec le pneu arrière m’ont mis grandement en difficulté. J’ai travaillé sur l’électronique mais ça n’allait pas, a-t-il raconté dimanche après-midi. À Misano nous avons trouvé quelque chose, et à Barcelone la moto me donnait les sensations que je voulais. Puis ici je savais que j’avais une grande opportunité et je l’ai fait. »
Le petit quelque chose trouvé sur les Grands Prix d’Émilie-Romagne puis de Catalogne, où il a terminé 8e, a fait office de déclic. « Les progrès effectués à Barcelone m’ont aidé à être en première ligne au Mans et à prendre confiance, pour arriver ici avec de bien meilleures sensations sur la moto. J’ai ainsi pu faire une bonne qualification et être rapide dans toutes les conditions, se réjouit-il. La moto fonctionne mieux et j’aime ça. »
Qualifié troisième, Danilo Petrucci se sentait compétitif sur le sec. Mais le ciel capricieux du Mans est venu redistribuer les cartes. Cela a profité au pilote italien, dont on connait aussi les talents sur le bitume mouillé. « Le début de la saison a été difficile pour moi, mais je me sentais très confiant après Barcelone et je suis arrivé ici avec l’ambition de monter sur le podium. Je ne m’attendais pas à ce qu’il pleuve, mais après le warm-up je savais que je pouvais me battre sur le podium sur le sec. »
Dans de telles conditions, filer en tête et s’éviter les pièges des premiers tours représentait un avantage indéniable. Ce que Danilo Petrucci a su réaliser, dérobant les commandes de la course à Jack Miller dès le premier tour. « Au départ j’ai pensé à partir devant et rester loin des problèmes. Je ne savais pas quelle quantité d’eau était en piste mais j’ai réussi à partir devant et garder le rythme. »
Leader, le pilote Ducati n’a pas faibli malgré la pression imposée par Andrea Dovizioso et Jack Miller. Il a fallu en être à 9 tours de l’arrivée pour qu’une attaque lui soit portée, tandis que le trio de tête se transformait en quatuor avec le retour d’Alex Rins. Mais Danilo Petrucci a eu du répondant, puis profité de la bagarre et d’incidents de course (panne de Jack Miller, chute d’Alex Rins) pour prendre 2 secondes d’avance sur ses adversaires. La suite : résister à la poursuite lancée par ses rivaux, dont un Alex Marquez plus fort sur la fin.
« La présence des fans a été d’une grande aide parce qu’ils ont mis un écran géant pour eux, et je pouvais voir qu’Alex Rins revenait très vite, détaille le vainqueur. J’ai aussi vu que Pol (Espargaro) était rapide, donc j’ai pu gérer, mais j’avais peur du retour d’Alex Marquez dans les derniers tours car c’est vraiment un bon pilote sur le mouillé. (…) Heureusement, il y avait Dovi entre moi et Alex qui revenait vraiment fort, donc j’ai juste essayé de rester sur mes roues. Il y avait une fine trajectoire sèche et je n’avais plus de pneu arrière, mais j’ai réussi à gagner. L’attente a été longue mais je suis très heureux d’être ici. »
Danilo Petrucci regagne donc enfin, près de 16 mois après l’obtention de son dernier trophée. Il passe de l’ombre à la lumière, et, dans son récit, s’est souvenu d’un fait marquant de l’année : la perte de son guidon dans l’équipe officielle Ducati en 2021 avant même le premier Grand Prix de l’année. S’imposer au Mans était la meilleure des réponses à apporter à ses détracteurs.
« Ça a été une année dingue, parce que j’ai perdu ma place alors que la saison n’avait pas commencé, et c’est comme si personne ne croyait en moi, se souvient-il. Puis il y a eu d’autres mouvements, et d’autres personnes ont cru en moi. » Il fait notamment référence à KTM et l’équipe Tech3, pour qui il roulera en 2021. « Je dois remercier tout mon team et les gens chez eux qui ont toujours cru en moi et ont cru que je savais piloter une moto. C’est la preuve que je peux gagner des courses en MotoGP. »
GP de France – Résumé et résultats
Championnat MotoGP après Le Mans : 1. Quartararo 115 pts, 2. Mir 105 (-10), 3. Dovizioso 97 (-18), 4. Viñales 96 (-19), 5. Nakagami 81 (-34)… Classement complet ici
Le Mans, Championnat : Quartararo toujours aux commandes, +10 sur Mir
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