Suzuki a tenté de recruter Rossi via Facebook

Lors de son retour en MotoGP, en 2013-2014 (essais) puis 2015 (courses), Suzuki a essayé de s’attirer les faveurs de Valentino Rossi. Et pour ce faire, Davide Brivio, qui s’occupait alors des contrats de l’Italien, a été contacté sur Facebook.

Comment Suzuki a tenté de s’attacher les services de Valentino Rossi au début des années 2010 : c’est l’une des histoires que vient de raconter Davide Brivio, ancien team-manager du Team Suzuki Ecstar. De toutes les anecdotes livrées par l’Italien (Alex Rins préféré à Johann Zarco, Joan Mir plutot que Jorge Lorenzo…), celle concernant le nonuple champion du monde a particulièrement attiré l’attention. La voici donc avec de plus amples détails.

Le contexte

Davide Brivio et Valentino Rossi ont commencé à travailler ensemble en 2004, au moment où le pilote italien a décidé de lâcher Honda, avec qui il venait de dominer les trois dernières campagnes de MotoGP, pour Yamaha. Ensemble, ils ont conquis pas moins de quatre titres mondiaux (2004, 2005, 2008, 2009), décroché des succès historiques et noué une relation très forte. À tel point que Davide Brivio a quitté Yamaha avec Valentino Rossi quand celui-ci s’en est allé chez Ducati, à l’issue de la saison 2010.

Sans être employé par Ducati, Davide Brivio a continué à travailler auprès de son poulain. Il s’occupait, entre autres, de ses contrats et de ses dossiers personnels. Mais sur le plan sportif, l’aventure Ducati ne s’est pas bien passée pour Valentino Rossi. Sa première saison chez les Rouges, en 2011, s’est soldée par un maigre bilan de 139 points marqués, lui attribuant la 7e place du classement général. Les choses se sont peu arrangées en 2012, le déclic tant attendu n’a pas eu lieu et son départ est devenu de plus en plus inévitable.

Au même moment, une autre page de l’histoire du MotoGP était en train de s’écrire, de l’autre côté de l’océan : celle du retour de Suzuki en MotoGP. La firme d’Hamamatsu avait quitté la catégorie reine en 2011, mais planchait sur un nouveau projet censé se décompenser ainsi : mise en place d’un test team en 2013, essais menés d’avril à novembre, puis entrée en MotoGP à partir de la saison 2014. Mais qui mettre sur la nouvelle Suzuki GSX-RR ? Réponse : Valentino Rossi.

L’approche

Le pilote italien, en difficulté chez Ducati, aurait pu succomber à l’idée de relever le défi de mettre au point un nouveau prototype puis le mener à la victoire, pensait-on chez Suzuki. L’un des artisans du projet, Shinichi Sahara, a donc contacté Davide Brivio pour lui en parler. Et cela ne s’est pas fait entre deux camions du paddock, mais sur Facebook (!).

« C’était bizarre parce que je n’utilise pas Facebook, se souvient le manager italien. J’ai un profil Facebook mais je ne l’utilisais pas, même aujourd’hui je ne sais pas comment l’utiliser. Mais je l’ai ouvert et il y avait cette notification. J’ai vu le nom de Sahara et il voulait savoir quelles étaient les intentions de Valentino Rossi pour le futur. Il m’a dit qu’ils (Suzuki) voulaient revenir en MotoGP en 2014 et il m’a demandé si Valentino Rossi serait disponible pour rouler avec eux. »

Le dénouement

Mais Valentino Rossi avait une autre idée en tête : revenir chez Yamaha et y retrouver sa M1. Cela s’est entériné par la signature d’un contrat, le 10 août 2012. Rejoindre un projet naissant comme l’était celui de Suzuki, monter sur une moto qu’il ne connaissait pas et sans savoir où cela allait le mener, alors qu’il allait vers ses 34 ans et qu’il sortait de deux saisons sans gagner, ne le tentait pas. « J’ai parlé avec Valentino mais il a dit que rouler pour Suzuki ne l’intéressait pas. Valentino voulait revenir chez Yamaha, donc j’ai gentiment répondu à Sahara pour lui faire savoir que Valentino n’était pas intéressé. »

La suite de l’histoire : Valentino Rossi a fait un retour gagnant chez Yamaha, avec un premier podium au Qatar suivi, quelques semaines plus tard, d’une victoire aux Pays-Bas. Quant à Suzuki, l’inscription en MotoGP a été décalée à 2015. Randy de Puniet a mené une partie du développement de la moto avant qu’elle ne soit finalement confiée à Aleix Espargaro et Maverick Viñales. Le Team Suzuki Ecstar était né, sous les ordres de Davide Brivio que le constructeur japonais a réussi à enrôler. Il vient de le quitter pour l’équipe de Formule 1 Alpine, après avoir décroché le titre de champion du monde 2020 avec Joan Mir.