Yamaha a placé deux pilotes dans le top-10 au Dakar 2022, dont Adrien Van Beveren qui termine quatrième. Mais la marque japonaise court toujours après un nouveau succès, puisque la dernière victoire remonte à 1998. Alexandre Kowalski, le responsable du tout-terrain chez Yamaha Europe, dresse le bilan de cette édition et évoque l’avenir.
GP-Inside : Quel bilan tires-tu du dernier Dakar pour Yamaha?
Alexandre Kowalski : « Le bilan de notre Dakar 2022 est positif, même si on aurait évidemment préféré gagner ! Il y a un an, nous avons procédé à une refonte de notre organisation pour notre programme de tests et de courses, ainsi que pour l’équipe aux côtés de Marc Bourgeois, le team-manager, avec notamment John Maillon comme responsable technique ou Andréa Peterhansel pour gérer, grâce à son immense expérience, la partie sportive au niveau des pilotes. C’est avec cette nouvelle organisation qu’Adrien Van Beveren a terminé vice-champion du monde l’an passé. »
« Nous avons donc abordé ce Dakar avec sérénité et détermination, et le résultat est positif puisqu’Adrien a fait une magnifique course et terminé quatrième, alors qu’il n’avait pas fini un Dakar depuis 2017 à cause de chutes ou de problèmes mécaniques. Il a toujours été dans les quatre premiers et a même été ponctuellement en tête du classement général. Bien sûr, la victoire finale était proche puisqu’il était premier à deux jours de l’arrivée, mais c’est la course, il faut savoir l’accepter. Et Branch et Short, nos deux autres pilotes, ont fait aussi une belle course puisqu’Andrew termine huitième. »
« Notre satisfaction est également technique car nos motos n’ont rencontré aucun problème de fiabilité et de performance. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un petit monocylindre de 450 cm3, donc à la base une simple machine d’enduro, qui est mise à rude épreuve sur plus de six mille kilomètres, toute la journée pendant quatorze jours, dans des conditions extrêmes. »
Comment expliquer que Yamaha n’ait pas gagné le Dakar depuis 1998 ?
A.K : « Il faut savoir que notre participation au Dakar est un projet européen, peu soutenu par Yamaha Factory. On part d’une moto d’enduro qu’on adapte ici, pas au Japon avec tous les moyens humains, techniques et financiers du département Racing. Dans toutes les autres disciplines où Yamaha est engagé, il y a le soutien de l’usine qui met à disposition des moyens conséquents. Là, pour le Dakar, tout est fait en Europe. »
« Mais le côté positif, c’est qu’on montre qu’un client peut facilement s’acheter notre moto chez un concessionnaire, la préparer et être compétitif pour participer à un rallye. Je reste persuadé qu’avec un peu de réussite, on peut gagner. Adrien termine d’ailleurs à seulement quelques minutes du vainqueur. C’est pour cette raison qu’Eric de Seynes (NDR : patron de Yamaha Europe) a soutenu ce projet, dans la lignée de ce qu’avait fait Jean-Claude Olivier qui était très attaché à cette épreuve. »
Est-ce que le fait de ne pas gagner peut remettre en question la participation de Yamaha sur le Dakar ?
A.K : « Il est question de stratégie d’entreprise et on peut effectivement se poser légitimement la question de la pérennité de cet engagement, mais Yamaha a toujours été une marque qui aime relever des challenges, et a toujours été impliquée dans les rallyes, notamment sur le Dakar depuis le début. Bien sûr, notre objectif reste la victoire, mais ce qui est important aussi, c’est d’animer la course, de procurer des émotions et de montrer la fiabilité de nos motos. Pour autant, il est de notre responsabilité de savoir si cet investissement est pertinent et si nous devons le poursuivre. À ce jour, nous sommes en phase de réflexion. Yamaha est engagé dans toutes les disciplines et il faut définir des priorités. »