Avec 12 saisons de GP, 2 victoires en Moto3 et 3 places de vice-champion du monde Superstock en Endurance, l’Albigeois Alexis Masbou dispose d’un palmarès conséquent et, surtout, d’une immense expérience. À 35 ans, c’est cette expérience qu’il transmet aux jeunes dans le cadre de ses fonctions au sein de la FFM, tout en poursuivant sa carrière de pilote… pour encore au moins une saison.
GP Inside : Alexis, peux-tu nous décrire ton emploi du temps ?
Alexis Masbou : « J’ai des semaines bien remplies car j’ai plusieurs casquettes à la fois, qui sont toutes en lien avec la moto. Je suis toujours pilote et j’aime toujours autant la compétition puisque je participe depuis 2016 au championnat du monde d’endurance. C’est une discipline que j’ai découverte après les Grands Prix et j’y prends beaucoup de plaisir. »
» Il s’agit d’une approche différente puisqu’il faut composer avec une équipe complète, faire des choix à plusieurs pour trouver le meilleur compromis dans un intérêt commun. Et puis ces courses sont longues, difficiles, exigeantes, avec des émotions fortes en permanence puisqu’on passe en un rien de temps de l’excitation à l’angoisse ou de la joie à la déception. C’est un peu comme un marathon, il y a des moments vraiment durs mais quand tu termines la course et que tu es bien placé, c’est une joie et une satisfaction intenses, comme seule l’endurance peut en procurer. Pour moi qui avais fait l’essentiel de ma carrière en GP sur des motos légères et peu puissantes, il m’a fallu m’adapter à ces motos bien plus lourdes et gavées de chevaux, mais j’y suis arrivé assez rapidement. »
« Dans un autre registre, pour la deuxième année consécutive, je suis aussi entraîneur national de la filière vitesse pour la Fédération Française de Moto, ce qui veut dire que j’encadre les pilotes de l’Équipe de France et du Collectif Espoir pour les aider à progresser et leur faire gagner du temps dans l’apprentissage de la compétition. Je les assiste donc sur les week-end de course ainsi qu’à l’occasion de stages de deux ou trois jours où l’on aborde tous les aspects du sport, du pilotage pur à la préparation physique ou à la dimension mentale. »
« En deux ans, les progrès sont vraiment sensibles, cette filière vitesse commence à porter ses fruits et c’est gratifiant pour moi de partager mon expérience, de contribuer à éviter des erreurs et de transmettre un savoir-faire. Dans la moto, aujourd’hui, il faut évidemment être rapide mais il faut aussi savoir se remettre en question, communiquer, se vendre, rester humble tout en étant déterminé. Mes 12 années de GP m’ont énormément appris et je veux désormais en faire profiter les jeunes. C’est aussi pour cette raison que je m’occupe de mon école de pilotage où j’organise des stages dans le sud de la France ou, pour les enfants, sur le circuit d’Albi où j’ai fait mes premiers tours de roues. »
Quels souvenirs gardes-tu de tes années de Grand Prix ?
A.M. : « C’est évidemment une part importante de ma vie puisque j’y suis resté de 2005 à 2016. Je garde des souvenirs extraordinaires, avec bien sûr mes deux victoires au Qatar et en République-Tchèque, ou mon premier podium en Allemagne. Mais j’en retiens surtout des expériences et des rencontres qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. En fait, un pilote est comme une micro-entreprise qu’il faut savoir gérer, avec des hauts et des bas, des problèmes à régler, des partenaires à convaincre, des solutions à trouver, avec l’objectif de toujours avancer quoi qu’il arrive. »
« La vie d’un pilote est loin de se résumer au temps qu’il passe sur sa moto, qui n’est qu’une courte partie du job. Il y a toute une organisation à mettre en place avec beaucoup d’autres paramètres à gérer. Une saison de Grand Prix, c’est 20 courses dans le monde avec des voyages qui s’enchaînent, loin de sa famille, de ses amis, et il faut donc se construire une autre vie d’un circuit à l’autre, avec ton équipe qui peut changer chaque année, d’autres pilotes avec qui tu noues des relations ou pas… Bref, ce sont des expériences extrêmement enrichissantes, qui t’apportent une ouverture d’esprit qui me sert désormais tous les jours. En tout cas, il ne faut jamais s’arrêter d’apprendre, ne jamais baisser les bras, il faut s’enrichir des autres et s’inspirer de leurs expériences. »
Quel ton avis sur cette saison de MotoGP ?
A.M. : « Déjà je m’intéresse beaucoup au Moto3 qui a été ma catégorie de prédilection et où les courses sont passionnantes, mais bien sûr, le MotoGP reste la catégorie phare avec les meilleurs pilotes du monde. En plus on a la chance d’avoir deux français, Fabio Quartararo et Johann Zarco, qui font briller nos couleurs, donc c’est d’autant plus plaisant à regarder, et c’est surtout inédit ! Il faut d’ailleurs en profiter car on ne sait pas combien de temps ça va durer et quand on pourra revivre une telle situation. C’est génial de voir autant de pilotes et de constructeurs être aussi proches en performances, ça aussi c’est inédit, on n’avait jamais vu une telle homogénéité. »
« Fabio a beaucoup de mérite d’être à ce niveau malgré les carences de sa moto. Jusqu’au Grand Prix d’Australie, j’étais confiant sur sa capacité à conserver son titre mais, honnêtement, j’ai peur que sa chute à Phillip Island ne lui coûte cher, et Bagnaia a clairement un avantage comptable et psychologique. Mais c’est aussi le charme de la moto : rien n’est écrit à l’avance et tout reste encore possible. En tout cas, il faut y croire ! »
Crédit photos : S.Valembois / P.Martel / P.Bertineau
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